samedi 20 février 2016

Grotowski et Shiva le Danseur Cosmique

En 1960, à l’époque du travail sur Shakuntala, de l’ancien dramaturge indien Kalidasa, Grotowski disait :
Le patron mythologique du théâtre indien ancien était Shiva le Danseur Cosmique, qui en dansant engendre tout ce qui est et fracasse tout ce qui est, qui danse la totalité. Dans le Mahabharrata, il rit, chante et se balance dans une danse pleine de charme…et quand il pleure, les hommes pleurent, légers, légers ses pieds dansent – comme ivre, comme fou… Si je devais définir nos recherches scéniques, en une phrase, d’un mot, dit Grotowski, je me référerais au mythe de la danse de Shiva. Il y a là un essai d’englober la réalité de tous les côtés à la fois, sous la diversité de ses aspects… Danse de la forme, pulsation de la forme qui pulvérise tout caractère illusoire du théâtre…
Le théâtre indien ancien, le théâtre japonais ancien comme celui de la Grèce, étaient des rituels qui unifiaient en eux la danse, la pantomime et la récitation. Le spectacle doit devenir un « geste de synthèse » collectif, une « danse » de la réalité, un jeu rituel. Nous ne faisons pas une démonstration d’actions devant le spectateur, mais nous l’invitons à un chamanisme commun.  Shiva dit: « je suis le battements du pouls, le mouvement et le rythme… ». L’essence du théâtre que nous cherchons est « le battement du pouls, le mouvement et le rythme ».


Propos de Ludwik FLASZEN (les assises théoriques de recherches de Grotowski (Page 146)) parus dans le livre L’âge d’or du théâtre Polonais de Mickiewicz à Wypianski, Grotowski, Kantor, Lupa, Warlikowski… Editions de L’amandier.



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